Jeudi 28 Mars 2024 - Sensations Essonne

La ferme 3.0 est en Essonne

Au sud de l'Essonne, dans les champs cultivés par Clotilde Hottin et son cousin Nicolas Hottin, poussent du blé et des betteraves, du plant de pommes de terre, du chanvre, du quinoa… mais aussi des capteurs, des sondes et des balises. Depuis deux ans, les agriculteurs trentenaires testent une quinzaine d’innovations et robots connectés en partenariat avec la Région et la chambre d’agriculture d’Île-de-France. "Nous essayons d’apporter de nouvelles idées pour l’exploitation", lancent Clotilde et Nicolas, cinquième génération à cultiver les terres familiales.

L’expérimentation doit durer encore trois ans. La "ferme pilote" vise à évaluer, en grandeur nature, les performances des dernières technologies en agriculture, peu ou pas encore diffusées dans les exploitations. Parmi ces outils numériques, des sondes tensiométriques mesurent en temps réel le niveau d’eau dans le sol. "En fonction de l’évolution des courbes, on déclenche ou non l’irrigation. Cela évite de gaspiller de l’eau", raconte Nicolas Hottin, tablette tactile en main.

Informations ultra-localisées

Autre exemple, une station-météo connectée. Les informations ultra-localisées transmises sur le smartphone des agriculteurs – température, humidité, pluviométrie, vitesse du vent, durée d’ensoleillement – permettent d’organiser les cultures parcelle par parcelle. "Et d’anticiper les risques de maladies, de n’utiliser les traitements phytosanitaires qu’en cas de nécessité", complètent les céréaliers. Des capteurs de biomasse embarqués sur le tracteur permettent d’adapter les apports d’azote en fonction des besoins. D'autres, sur la rampe d’irrigation, contrôlent le système d’arrosage. Des sondes installées dans les silos de stockage du blé déclenchent automatiquement la ventilation pour réguler la température intérieure.

Génération connectée

Après deux ans d’expérimentation dans la ferme botignacoise, l’heure est aux premiers bilans. "Ces outils aident à la décision et facilitent le quotidien. C’est un gain de temps. Ils permettent d’optimiser les quantités d’engrais, de produits phytosanitaires, d’eau ou de carburant nécessaires, en fonction des besoins réels de nos cultures. La facture baisse, tout comme notre impact sur l’environnement", résument les deux agriculteurs essonniens.

Ces équipements préfigurent-ils de la ferme 3.0 ? Peut-être. Mais des freins subsistent. Financiers, d’abord, car ils ont un coût élevé. "Mais les économies financières qu’ils génèrent rentabilisent l’investissement", tempère Nicolas Hottin. Un frein culturel, générationnel, aussi. Mais la nouvelle génération d’agriculteurs, plus connectée que son aînée, devrait aisément contourner l’obstacle.