Vendredi 26 Avril 2024 - Sensations Essonne

Deux artistes locaux à Chamarande

Une rencontre inattendue

Après avoir ouvert ses portes à des artistes de renommée internationale comme Robert Combas, Richard Orlinski, Philippe Pasqua ou Jerry Schatzberg, le domaine de Chamarande fait une place à des talents locaux. "C'est la première fois que le Département met en lumière le travail de deux artistes essonniens", indique François Durovray, président du Conseil départemental de l'Essonne. Pourtant, Jean-Yves Cousseau, photographe installé à Janvry, et Christophe Dumont, sculpteur établi à Pussay, n'avaient a priori aucune raison de travailler ensemble. Ils ont fait connaissance à Renc'art 2018, festival organisé par le département pour mettre en valeur ceux qui font la vie culturelle en Essonne. "On s'est bien entendu, témoigne Christophe Dumont. Quand Aurélie Gros, nous a proposé d'exposer ensemble, on a tout de suite accepté." Les deux artistes ont une chose en commun : la rouille. Celle qui se dépose sur les sculptures en ferraille de Christophe Dumont, et celle que Jean-Yves Cousseau donne à ses photographies en les oxydant volontairement.

Comprendre leurs univers

Avec Christophe Dumont, les visiteurs sont invités dans un cabinet de curiosités façon XVIIe siècle, une sorte de muséum d'histoire surnaturelle. Car ici, aucun animal n'est empaillé ni utilisé. Au premier regard, on pourrait pourtant le penser, comme ces trompe-l'œil qui font croire à un détail de rhinocéros avec une corne (en fait celle d'une vache trouvée dans un champ) ou un bout de peau d'éléphant. "C'est un morceau de pneu", s'amuse Christophe Dumont, fier de son effet. L'artiste ne fait qu'avec de la récupération. Depuis des années, il sillonne les bois de la Beauce pour ramasser des objets en métal abandonnés, mais aussi des branches, de la mousse, des plumes, des dents, des restes d'animaux… Certains entrent en écho avec le domaine, comme cette grande jambe de cheval de métal installée dans la cour des anciennes écuries.

Autre ambiance avec Jean-Yves Cousseau. L'artiste expérimente le passage du temps et de l'eau sur ses clichés, aboutissant à la création de ses oxydations. Chez lui, l'intérêt ne réside pas tant dans le sujet ou l'instantanéité, mais dans l'altération voulue de l'œuvre photographique elle-même. Ce qui donne un aspect presque nostalgique, évanescent et onirique à ses clichés très poétiques. De quoi distraire, impressionner et captiver les visiteurs qui auront l'occasion, avec une seule exposition, de découvrir deux univers artistiques essonniens jusqu’au 29 décembre 2019.