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La Mer de Poseidon en Caddie - Vendredi 26 avril 2024 - Théâtre intercommunal d'Etampes

La Mer de Poseidon en Caddie, en représentation le vendredi 26 avril 2024 au Théâtre intercommunal d'Etampes. Une pièce de Vhan Olsen, mise en scène Audrey Bertrand, interprétée par la Cie La Bande à Léon. Un spectacle drôle et émouvant, qui oscille entre théâtre documentaire et poésie. A ne pas manquer !

Au supermarché Super M, l’excitation est à son comble : grosse fin de semaine, beaucoup de clients, employés conquérants, mais… pas de poissons sur les étals. En pleine mer, les filets sont vides et les pêcheurs portés disparus.

Alors la chaîne d’approvisionnement déraille, et avec elle toute la société. La métamorphose d’un monde contemporain en déroute s’opère, la mythologie et ses créatures prennent la place.

Au temple de la consommation, la liste de courses se déroule en fil d’Ariane dans les rayons, et les clients hypnotisés parcourent le labyrinthe à la recherche d’une vérité en promotion.

LE MOT de la metteuse en scène Audrey Bertrand

Si j’ai voulu aborder au théâtre ce sujet à la fois trivial, complexe et fascinant, c’est d’abord parce qu’il nous concerne tous, puis parce qu’il me semble questionner tout le monde. Il est à mon sens extrêmement représentatif de la société dans laquelle nous vivons, ce vivre-ensemble que nous nous efforçons d’interroger et de représenter avec la Bande à Léon depuis plusieurs années. Quoi de mieux qu’Auchan, Carrefour, Lidl, Leclerc, Casino et tous leurs concurrents pour nous raconter des histoires qui nous poussent à réfléchir sur notre condition et nos choix.

Suite au conséquent travail de collecte de témoignages, de recherches, de journées d’immersions et d’actions culturelles (cf. Génèse du projet), nous avons œuvré avec Vhan Olsen et l’équipe artistique du collectif à retranscrire au plateau le quotidien et les contradictions de ce non-lieu : la violence qu’il contient, sa douceur aussi, sa valeur refuge, sa catastrophe, sa nécessité, les rencontres qu’il offre, la solitude qu’il transpire. L’objectif, grâce à l’écriture poétique et imagée de Vhan, a été de transcender le supermarché, partir du concret pour arriver dans l’imaginaire.

Je souhaitais malgré tout raconter une histoire. Ce sera celle du Super M, de ses pêcheurs-fournisseurs, des poissons qu’ils doivent livrer au Supermarché. Ce sera celle aussi des délais de livraison, d’un directeur excessif et survolté, des employés dévoués, des clients pressés. En somme, de toutes ces entités perdues dans ce tourbillon de la vie.

Une histoire au royaume de la consommation ne peut s’envisager sans son ambiance sonore. Je l’ai voulu omniprésente. Les chansons françaises d’abord, parce qu’elles passent en boucle dans les supermarchés, comme un patrimoine. On les chante sans s’en rendre compte, nous font rire ou pleurer, demeurent ringardes et belles à la fois. La musique électronique et les nappes sonores de Florent Collignon permettront également de transpercer nos inconscients et d’induire la distorsion de cette réalité.

Une histoire au royaume de la consommation ne peut, non plus, s’envisager sans sa saturation d’images et de couleurs. Les créations vidéos de Gaëtan Trovato, les lumières de Charly Lhuillier, la scénographie d’Alix Mercier et les costumes de Malou Galinou y donneront corps, entre agressivité et plastique, à la frontière du réalisme et des chimères, des rêves et des cauchemars. Je leur ai demandé de retranscrire cette douce violence de la grande distribution qui nous pousse vers une folie sociétale, un entassement d’aberrations écologiques et humaines, de pollution.

Une histoire au royaume de la consommation ne peut, enfin, s’envisager sans ce flirt avec les Mythes qu’inspirent les géants du commerce, leur démesure, leurs légendes. Parce que les poissons manquent, parce qu’on les remplace par de la pourriture, alors on l’empoissonne, on devient poisson. Avec Vhan nous voulions nous élever dans ce voyage en absurdie, le traiter par le rire, la démesure, l’étrange. Cet univers superficiel de la consommation est-il finalement réel ? Que reste-il de notre simple humanité ?

Ce paradoxe insaisissable, nous avons voulu le traverser, le transformer, le mythifier. 

Site de la Cie La Bande à Léon labandealeon.fr

La Mer de Poseidon en Caddie
Vendredi 26 avril | 20h30

Théâtre Intercommunal d'Etampes
Rue Léon Marquis - 91150 Étampes
01 64 94 99 09 | service.culturel@caese.fr