Jeudi 02 Mai 2024 - Sensations Normandie Seine - Rouen

Face au coronavirus, un supermarché réserve un créneau aux seniors pour les protéger, près de R

Parce qu’ils sont fragiles, parce qu’ils peuvent aussi craindre les affluences observées dès les premiers jours de confinement, le groupe Intermarché a mis en place des directives pour mieux accueillir les seniors. À Darnétal, dans la banlieue de Rouen, ils ont des horaires réservés. Reportage.

Le rush des affolés, des paniqués et des paranos est passé : depuis mercredi 18 mars 2020, la plupart des grandes surfaces ont retrouvé une activité normale ou presque. « C’est même un peu un reflux, forcément les gens ont tellement pris lundi et mardi qu’ils vivent sur leurs stocks », jauge une cliente de l’Intermarché de Darnétal, niché entre des maisons à pans de bois et des écoles au béton années 70 plutôt hideuses.

Si tous les rayons de produits à la découpe ont été arrêtés, « pour éviter le contact », souligne le directeur de l’enseigne Pascal Lamarre, si les rayons sont pleins, si inévitablement un vigile à l’entrée contrôle les accès et veille à ce que le magasin ne soit pas surchargé, il y a quelques détails qui détonnent en ce début de matinée.

Majorité de seniors dans les rayons

Partout, dans les rayons, c’est une majorité de seniors qui remplit des chariots et des paniers. Depuis lundi, le magasin a mis en place une tranche horaire matinale, de 9 à 10 heures, spécialement, et bientôt « exclusivement » annonce un panneau, à destination des personnes de plus de 70 ans.

« On le fait tous les jours pour dissocier les personnes les plus fragiles des clients lambda », explique Pascal Lamarre, qui applique ainsi une directive du groupe Intermarché mais qui est inégalement suivie dans la région. « C’est au magasin d’appliquer ou pas. »

Comme c’est à l’initiative de chaque magasin de protéger ses caissières. « Avec des tréteaux et du film plastique, on a bricolé quelque chose », témoigne le directeur en montrant ses quelques caisses. Une salariée nous fait remarquer à part, qu’elle se sent mal protégée, qu’elle craint pour sa santé.

Une initiative isolée ?

Devant l’entrée de la grande surface, la file disciplinée n’est guère longue. Une dame d’un certain âge arrive, un employé lui explique : « C’est la priorité pour vous le matin. Vous ne le saviez pas ? » « C’est bien, il y a eu tellement de monde dimanche matin, c’était affolant. » Un couple de personnes âgées arrive juste après l’heure limite : « Vous pouvez passer, vous avez une heure », dit un autre employé.

« Si la plupart des clients sont au courant des règles, de cet accueil des seniors le matin, on peut bien sûr faire des exceptions. Mais en règle générale les seniors arrivent à l’heure convenue et les autres le respectent. Nous sommes bien entendu ouverts aux professionnels de santé à tout moment de notre activité. Il n’y a ni agacement ni incompréhension », poursuit le directeur.

Une initiative isolée ? Certainement pas. Si le gouvernement français a incité les grandes surfaces à réserver un accueil spécifique aux seniors, l’initiative — qui reste celle de chaque magasin — est mondiale. De la Normandie à l’Australie, de l’Irlande à la Belgique, de nombreuses enseignes ont adopté ce principe. Une façon aussi de rééquilibrer les comptes des seniors, souvent en difficulté par rapport aux plus jeunes quand il s’agit de commander des produits via Internet.