Mercredi 01 Mai 2024 - Sensations Normandie

Dans l’Eure, les éleveurs doivent confiner leurs volailles par crainte de grippe aviaire

Alors que nous entrevoyons un semi-retour à la liberté à partir du 15 décembre, la basse-cour, elle, va rester confinée. Pour une fois, le Covid n’y est pour rien. Mais comme un problème ne vient jamais seul, la grippe aviaire a débarqué en France cet automne. Un premier foyer d’influenza aviaire hautement pathogène a été détecté dans une animalerie, en Haute-Corse, le 16 novembre. Trois jours plus tard, le 19 novembre, nouvelle alerte, dans les Yvelines. Un élevage de 6 000 canards dans les Landes a également été contaminé, le week-end dernier.

Risque élevé

Alors, depuis le 26 octobre, l’ensemble du territoire a basculé en risque élevé, imposant une étroite surveillance et des restrictions, qui touchent notamment les éleveurs de l’Eure. Parmi eux, Béatrice Rivoallan, productrice d’œufs biologiques certifiés à Mesnil-en-Ouche. Originaire de Vernon, cette passionnée d’agriculture a acheté un terrain de près d’un hectare pour ses cocottes, à Beaumesnil, en 2019. Elle vient tout juste de s’y installer avec ses 288 poules pondeuses. Et à peine les valises posées, les locataires ont dû être confinées.

« En bio, les poules doivent être élevées en plein air, elles font leur vie, en totale liberté sur un espace de près de 5 000 m², sortent dès le lever du jour et vont au lit dès que le soleil se couche. En ce moment, elles sont un brin frustrées, car elles doivent rester enfermées. Mais elles disposent quand même d’un bâtiment de plus de 100 m² ! C’est juste plus de boulot, car on doit leur amener du fourrage tous les jours », témoigne l’éleveuse de 51 ans, qui vend habituellement quelque 1 000 œufs par semaine.

« Mesures excessives »

Au début, on ne pouvait les acheter que par l’intermédiaire de l’Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap), 1001 légumes, à Beaumesnil, puis Les paniers de Bernay. Aujourd’hui, on peut les trouver dans les magasins Biocoop, la Vie Claire, à Bernay, et d’ici quelques semaines, à la Ferme de Julien, à Boissy-Lamberville.

Julien Bouhours, qui, lui aussi, a dû confiner ses 500 poulets. « C’est vraiment contraignant d’enfermer les volailles, mais on fait au mieux, car on risque gros, même si les bâtiments ne sont pas vraiment adaptés pour appliquer toutes les règles qu’on nous impose », glisse l’exploitant, en colère face à « des mesures excessives, qui empêchent les petits éleveurs de se développer et favorisent l’industriel. »

Du côté du Jardiland de Bernay aussi, les équipes ont dû s’adapter. « On ne vend plus de volailles, les poules, les canards et les cygnes sont enfermés, l’espace animalier extérieur est interdit au public », indique Éric Castelin, responsable du rayon animalerie. Précisons que le chiffre d’affaires de la basse-cour progresse de 20 à 30 % chaque année, en particulier au printemps, la poule devenant un « animal de compagnie. »