Mardi 23 Avril 2024 - Sensations Normandie Seine - Rouen

Après avoir été licencié, il incendie son ex-entreprise qui lui réclame 12,5 millions d’euros

Vendredi 9 octobre 2020 à Rouen, un homme a été condamné à 15 mois de prison pour avoir incendié l’ex-société qui l’employait. Plus de 12,5 millions d’euros étaient réclamés à celui aujourd’hui au RSA.

Le scénario d’une vengeance après avoir été remercié de son emploi : c’est la thèse que dresse l’accusation au procès de l’incendiaire de la société Biolandes à Rives-en-Seine, sur la zone industrielle de Saint-Wandrille, le 27 juillet dernier.

Pour ces faits, Frédéric M., 40 ans, intérimaire en recherche d’emploi, habitant chez ses parents, a été condamné vendredi soir à quinze mois de prison assortis d’un sursis probatoire d’une durée de deux ans impliquant l’obligation de rembourser la société Biolandes « selon ses moyens ». Une précision utile, car lui qui émarge au RSA se voit réclamer par la société 12,5 M€ et par les pompiers, qui ont mis quarante véhicules et autant d’équipages sur site pendant deux jours, 106 034 €, sans oublier l’euro symbolique.

ON a voulu
le tuer

Le 27 juillet à 3 h, un incendie commence de ravager les 8 000 m² de cette usine de fabrication de terreau. L’expert incendie détermine qu’il y a eu deux départs (dont l’un dans le bureau du patron), qu’il s’agit d’un feu volontaire. En interrogeant l’entreprise, les soupçons se portent sur Frédéric M., qui a été remercié de son emploi intérimaire en mars parce que surpris en train de fumer dans une zone où c’est dangereux.

Des vérifications téléphoniques permettent de déterminer que cette nuit-là, il était sur le site. Les gendarmes l’interpellent. Il admet avoir volé une tondeuse et des outils, mais nie avoir bouté le feu. « La vidéosurveillance l’atteste : le feu a été visible sept minutes seulement après votre départ. C’est curieux non ? », interroge le tribunal. « Je n’avais aucun intérêt à faire ça, ce n’est pas moi. Et puis je ne suis pas con. Si j’avais voulu le faire, je n’aurais pas pris mon téléphone », répond cet homme au récent passé difficile. Il explique avoir été victime d’une « tentative d’assassinat » en voulant s’interposer entre un ami et des agresseurs il y a 15 jours à Pont-Audemer. Il a reçu une balle de 9 mm dans le bras. Deux trous, qu’il montre, l’attestent. « Votre présence, l’absence d’autres, votre limogeage pour avoir fumé, ça fait beaucoup de coïncidences. Vous n’auriez pas ruminé tout ça depuis le mois de mars ? » « Non, non », répond le prévenu, massif, qui grommelle tant en regardant ses chaussures qu’on a peine à le comprendre.

« Ce site, c’était le fleuron du groupe. Les salariés risquent d’y perdre leur emploi. Les dommages : 8 M€ pour reconstruire, 4,5 M€ de perte d’exploitation en attendant la reconstruction qui prendra au moins deux ans », plaide l’avocate de Biolandes.

Seul, sans avocat (il a fait une demande d’aide juridictionnelle, mais tardive), le prévenu bâcle sa défense en quelques mots maladroits. « Je ne sais pas me défendre, ce n’est pas facile. »

Le condamné a dix jours pour faire appel de la sanction et, si elle n’est pas levée, sans doute pas assez de toute sa vie pour rembourser.