Mardi 23 Avril 2024 - Sensations Normandie Seine - Rouen

Municipales 2020. Comment les candidats à la mairie de Rouen comptent-ils mener leur campagne ?

Qui sera le prochain maire de Rouen ? À trois mois des élections municipales de mars 2020, les principaux prétendants à la fonction se sont déclarés. Nous les avons rencontrés afin de savoir comment chacun entend mener sa campagne.

En attendant de dévoiler la composition des listes, la plupart des candidats de Rouen aux élections municipales de mars 2020 ont déjà bien étayé leurs arguments auprès de citoyens.

Jean-Michel Bérégovoy (EELV), Jean-François Bures (Les Républicains), Marine Caron (« Ensemble pour Rouen »), Lionel Descamps et Farida Madjoub (liste « Rouen, notre commune »), Jean-Louis Louvel (actionnaire majoritaire de Paris-Normandie, soutenu par La République en marche, le MoDem, Agir, Les Républicains et Les Centristes), Nicolas Mayer-Rossignol (Collectif #Fier.e.s de Rouen) et Guillaume Pennelle (Rassemblement national)... La rédaction de Paris-Normandie a rencontré l’ensemble des candidats pour faire le point sur leur début de campagne et sur la manière dont ils entendent gérer les semaines qui les séparent du scrutin.

« Sur le terrain, au contact »« Pas de grands discours, mais du concret »« Les labos des idées » pour alimenter le projet« Dans l’action et le débat » et avec des pommes« Une forte accélération » en prévisionPartout, « la parole est aux habitants »Beaucoup de porte-à-porte « pour rencontrer les gens »Liste EELV « Réenchantons Rouen - L’écologie en actes ». Jean-Michel Bérégovoy entend mener avec son équipe « une campagne sur le terrain et au contact des gens » pour « que l’écologie, sous la forme différenciée que nous allons proposer, soit en tête et gagne la ville. Notre méthode, comme nous l’avons toujours fait, est de travailler ensemble, de repenser la ville sous la forme participative, avec ceux qui y vivent. Je serai un élu de construction et de résultats ». Vendredi 6 décembre, l’équipe était à Saint-Sever à la rencontre des habitants du quartier. « Nous organiserons quinze à vingt balades urbaines et réunions de quartier, des demi-journées pour parler et rencontrer les habitants, les commerçants, les artisans... Les forces vives ! » Les prochaines réunions auront lieu en décembre, dans le quartier Jardin des plantes, au métro Mont-Riboudet et au métro Palais de justice. Les écologistes ne laisseront rien de côté. « Nous envisageons aussi le porte-à-porte, le boîtage, la page Facebook de notre liste qui, en une journée, avait déjà enregistré 500 abonnés, précise le candidat. On sent que quelque chose se passe, sur le terrain ». Jean-Michel Bérégovoy dévoilera sa liste « dans le courant du mois de janvier. Il y aura quelques nouveautés dans la société civile, de vraies surprises », annonce-t-il en teaser. Côté finances, la campagne a « déjà reçu entre 10 000 et 15 000 € de dons. J’ai fait, ainsi que d’autres membres de l’équipe, un prêt personnel ». Jean-Michel Bérégovoy ajoute que « la campagne devrait coûter entre 43 000 et 45 000 € sur le premier tour ».Liste de « Au cœur de Rouen ». Jean-François Bures, héraut de LR en 2014 (il a échoué à 1 600 voix près derrière Yvon Robert), lâché par sa formation politique en 2019, préfère les campagnes « cosy » aux grands raouts des réunions publiques. « Je privilégie les réunions d’appartement, je vais les intensifier d’ici la mi-janvier. Dans ces rencontres, il n’y a pas de grand discours, mais du concret, de la discussion directe et les gens sont davantage en confiance pour m’interpeller. J’en ferai jusqu’à trois par semaine. Cela permet d’avoir des relais d’opinion. Les réunions publiques, c’est important, mais cela ne réunit souvent que les bases militantes. J’en ferai aussi, une par quartier. » Si Jean-François Bures espère inviter une personnalité pour un meeting à la Halle aux Toiles, il a surtout séquencé sa campagne autour de temps forts. Il a déjà lancé ses propositions sur l’environnement. Il en fera de même sur d’autres thèmes.Côté organisation, si une équipe a forgé le projet, une autre est en charge de la stratégie, de l’opérationnel (tractages, réunions). La campagne 2.0 du candidat est light : « Les réseaux sociaux sont importants, je m’efforce de répondre personnellement aux messages. J’ai aussi un site à mon nom, mais qui n’est pas exclusivement dédié à la campagne municipale. » Sans surprise, l’absence de soutien de sa formation d’origine (LR) « a été l’occasion de rencontrer des gens qui ne voulaient pas du carcan d’un parti politique. Je me laisse le temps, au fil des rencontres, de construire ma liste. Mais je suis loin d’être seul et surtout je suis libre ».Liste « Ensemble pour Rouen ». Après avoir échoué à obtenir le soutien de La République en marche, la centriste Marine Caron se présente en femme libre. « La liste Ensemble pour Rouen est sans étiquette et sans soutien de parti politique », insiste la vice-présidente du Département de la Seine-Maritime, rencontrée lors de l’un de ses « labos des idées ». Ces trois dates (à Saint-Sever, sur les Hauts de Rouen et à la Halle aux Toiles) auront servi à alimenter et à amender le programme, lequel sera présenté en janvier. « Cela nous permet de confirmer que l’on va dans le bon sens », explique Pascale Keradec, professeur d’économie à Rouen.À 29 ans, pas question pour Marine Caron d’organiser des réunions « à la papa ». Dans ses « labos des idées », on retrouve pêle-mêle un atelier dessin, un référendum express sur plusieurs questions (pour ou contre davantage de parcs et de verdure, pour ou contre la piétonnisation de l’hypercentre...), des petits gâteaux sans gluten, mais aussi un quiz assez pointu pour tester ses connaissances sur la ville de Rouen. Un moyen comme un autre de lancer la discussion. « Les retours sont bons, à 80 %, les gens nous disent que c’est ce qu’ils attendent », promet Marine Caron. Avec une tête de liste déjà très active sur Instagram, Ensemble pour Rouen utilise naturellement ces nouveaux moyens de communication. À côté du traditionnel tractage, Marine Caron multiplie elle aussi les réunions d’appartement, « deux à trois par semaine depuis début novembre ».Liste « Rouen, notre commune ». Si la tête de liste officielle n’est pas désignée, il y a tout de même deux chefs de file (Lionel Descamps et Farida Madjoub), mais c’est Lionel Descamps qui répond. Issu des rangs de La France insoumise, mais dont la liste « Rouen, notre commune » sera sans étiquette, Lionel Descamps (14 % aux dernières législatives) mise sur une campagne « dans l’action ». « On va privilégier les actions concrètes, comme participer aux manifestations, être avec les Gilets jaunes, proposer par exemple une action symbolique rendant les transports en commun gratuits. On va aller devant les écoles proposer des pommes pour débattre sur les cantines 100 % bio. Sur l’environnement, Lubrizol par exemple, on va aller au-devant des salariés pour construire un projet, des propositions. »Si la liste va séquencer la campagne et la décliner en plusieurs thèmes, elle va notamment défendre le RIC (Téférendum d’initiative citoyenne) à l’échelle communale et faire signer une pétition pour le mettre en place.« On voudrait faire une campagne sans tracts, mais ce n’est pas possible. Il faut bien que les électeurs voient nos têtes », regrette le chef de file qui a sa méthode pour préparer les réunions de quartier. Une semaine avant l’événement, lui et son équipe vont faire du porte-à-porte pour attirer les habitants, échanger, co-construire un projet. Plus traditionnel, la liste monte un meeting avec un député LFI en fin de campagne et en espère un autre dès janvier.Côté numérique, une page Facebook, un compte Twitter, une adresse Instagram et une équipe dédiée sont en cours de lancement. « On espère, selon les thèmes de la campagne, lancer des clips, des interventions, sur ces réseaux. Mais l’important, c’est d’entendre les habitants, de leur proposer des solutions, mais surtout d’intégrer les leurs ».Soutenu par La République en marche, le MoDem, Agir, Les Républicains et Les Centristes, Jean-Louis Louvel, actionnaire majoritaire de Paris-Normandie et président-fondateur de PGS Group, se satisfait d’être « le seul candidat issu de la société civile ». Son « atypisme », comme il le reconnaît, ne s’arrête pas là : sa campagne s’opère, pour l’heure, dans l’ombre et l’entrepreneur jouerait presque à cache-cache avec les médias. Il ne fait pas non plus campagne sur les réseaux sociaux. Et pour cause, Jean-Louis Louvel privilégie les réunions d’appartement - « d’ici la fin de l’année, j’en aurai organisées une trentaine » - aux réunions publiques, qui ne favorisent pas nécessairement la prise de parole des citoyens, selon lui. Ces rendez-vous « en tête à tête », avec « des responsables associatifs, des étudiants, des acteurs et militants des domaines de l’urbanisme, de l’écologie, de la solidarité, de la culture et du sport » ont alterné avec celles de dix groupes de travail, « sur différentes thématiques » et dont la restitution aura lieu le 19 décembre. « Ce travail de préparation fondamental est terminé et va laisser place à une forte accélération. Le temps des marchés viendra très prochainement. » Le candidat reconnaît volontiers avoir pris « des points de mesure » à travers des sondages d’opinion, « car il n’est possible d’améliorer que ce qu’on mesure, dont les priorités des Rouennaises et Rouennais ». Il dit avoir passé du temps à s’inspirer. « Je suis allé voir à l’extérieur, dans d’autres métropoles, et aussi à l’étranger. » Les premiers noms de sa liste pourraient être dévoilés cette semaine, avant une présentation de son programme en janvier.Collectif #Fier.e.s de Rouen. Nicolas Mayer-Rossignol est entré en campagne dès l’été. La méthode a étonné : un débat public sur l’écologie avec Benoit Laignel, professeur à l’université de Rouen et, surtout, membre du Giec international (Groupe d’experts qui étudie l’évolution du climat) ; un autre à l’automne sur la santé avec une poignée d’experts encore, dont le Pr Cribier, cardiologue de renommée mondiale.Dans cet exercice, le candidat s’efface derrière ceux qui savent, mais joue avec élégance les monsieur Loyal pour mieux présenter les réflexions des 500 membres (socialistes ou pas) de son comité Fier.e.s de Rouen. Associées aux propositions des habitants, cela in fine donnera son projet pour Rouen 2020.C’est la marque du très actif Nicolas Mayer-Rossignol : « Je termine mi-décembre une série de vingt-deux rencontres dans les quartiers, et j’en suis à quarante-trois réunions d’appartement (NDLR le 10 décembre). J’adore ça, rencontrer les gens... », confie le candidat.Il va poursuivre la méthode en proposant, dès janvier, de nouvelles « rencontres publiques, animées, là encore, par des grands témoins, pas forcément issus de notre territoire, sur des thématiques de sécurité, culture, éducation... »En janvier aussi, « le collectif Fier.e.s de Rouen va entamer une série de déambulations, sur le terrain », pour aller à la rencontre des habitants qui peuvent faire des propositions au fil de la campagne sur l’application Vooter, dans une sorte de consultation permanente. Facebook, Twitter, Instagram... Fier.e.s. de Rouen est aussi en vitrine depuis des mois sur les réseaux sociaux, avec des posts relayés par le candidat, qui jamais ne commente la concurrence. Liste du Rassemblement national. Guillaume Pennelle, tête de liste, va arpenter les quartiers. « Un nom de liste ? Oh, Rassemblement national, je ne suis pas comme mes concurrents qui masquent leurs étiquettes », sourit le chef de file du RN (11,71 % au second tour en 2014). Le candidat mise sur une campagne de proximité, avec beaucoup de porte-à-porte - « même si c’est difficile dans les immeubles » - « pour rencontrer des gens qu’on ne voit jamais dans les réunions politiques. L’important, quand on distribue un tract, c’est de rester, de discuter ». Pas plus convaincu que cela par les réunions d’appartement ou les réunions publiques, le candidat en fera parce que c’est devenu un passage obligé. Côté réseaux, c’est à partir de son compte Twitter et de sa page Facebook que se fera la campagne, « parce que j’ai déjà construit une audience, je suis clairement identifié. Pas la peine d’ouvrir des comptes dédiés à la campagne. Il y aura aussi de courtes vidéos, spontanées. J’ai constaté que cela marchait bien. »L’équipe, autour d’un directeur de campagne, est animée aussi par un « responsable des activités militantes » qui planifie les visites, les rendez-vous et les colistiers ainsi que des experts qui élaborent le programme, notamment en fonction des réponses à un questionnaire que le RN est en train de distribuer à Rouen.La campagne prendra son essor vers la mi-janvier, en abordant les thèmes de préoccupation des Rouennais à partir de tracts. Dès la mi-février et jusqu’au jour de vote, le RN, en fonction aussi des remontées du terrain, distribuera et précisera la synthèse de son programme.