Jeudi 02 Mai 2024 - Sensations Normandie Seine - Rouen

Déconfinement. À Rouen, les centres de loisirs ouverts en complément des écoles

Enfance. Les centres de loisirs sont ouverts pour accueillir les élèves de maternelle et d’élémentaire qui n’ont cours que la moitié de la semaine. Mais qu’y font-ils ? Nous sommes allés voir au Petit Prince...

En ce jeudi du mois de mai, il flotte comme un petit air de vacances dans les salles de l’accueil de loisirs Le Petit Prince, à Rouen. D’ordinaire désert en période scolaire, la structure située au bord du Robec bruisse d’une agitation nouvelle. Pendant que les petits émergent tout juste de la sieste, et qu’un animateur fait la lecture, en extérieur, à un jeune auditoire concentré, Ziad, 5 ans, décore sa boîte à mouchoirs faite en origami. « Je dessine un skateboard parce que c’est cool ! »

300 à 400 élèves accueillis en centre de loisirs

Alors qu’il devrait être à l’école, en grande section de maternelle, le garçon se retrouve au centre aéré, comme pendant les grandes vacances... ou presque ! Les masques que les animateurs portent sur le visage, le toboggan enrubanné pour éviter d’y grimper, les tables plus espacées qu’à l’accoutumée rappellent que la situation a quelque chose d’anormal.

À Rouen, les écoles maternelles n’ont pas ouvert leurs portes, et les écoles élémentaires acceptent, depuis le 25 mai, les élèves par demi-groupe seulement : les CEP et CM2 les lundis et mardis ; les CE1, CE2 et CM1 les jeudis et vendredis. Cinq centres de loisirs et quatre structures associatives (la MJC Grieu, la maison de quartier du Mont-Gargan, la MJC rive gauche et le centre social Pernet) ont donc été réquisitionnés pour accueillir les enfants la semaine, en plus du mercredi. « Rien que sur les maternelles, il y a 3 000 élèves scolarisés à Rouen, on ne peut donc pas faire venir tout le monde », regrette Marion Steer, responsable du secteur animation. En effet, la Ville annonce une capacité d’accueil de 300 à 400 élèves en centre de loisirs. « En priorité, les enfants du personnel soignant [déjà accueillis depuis le 16 mars NDLR], des forces de l’ordre et des pompiers, des enseignants et de la TCAR, du personnel municipal et aussi les familles monoparentales et celles où les deux parents travaillent. » Tout ça en prenant compte des mesures de distanciation sociale. Ainsi, au Petit Prince, la jauge est réduite de 150 à 70 places. « On les répartit par groupe de huit enfants maxi. »

L’accueil se fait dès 8 h - « les parents n’ont plus le droit de rentrer dans le hall » - et le centre ne ferme pas avant 18 h. Et le midi, le déjeuner se fait sur place, « un pique-nique froid apporté par les parents ». Mais comment occuper pendant dix heures des enfants qui devraient être à l’école ? Surtout que les jouets habituels ont été mis sous clé, le bac à sable a été condamné. Même les livres ne sont touchés que par les adultes, puis ensuite désinfectés. Mais Marion Steer l’assure, les dix animateurs ne manquent pas d’idées. « Ils ne se substituent pas aux enseignants, mais ils sont complémentaires. C’est sûr, on ne leur fait pas réciter l’alphabet, mais on leur fait travailler la motricité, l’imaginaire... Le temps passé ici n’est pas du temps perdu. »

Se laver les mains à chaque changement
de pièce

La Ville a distribué à chaque enfant un kit comprenant une ardoise, des feutres et crayons de couleurs, une gomme, un rouleau de ruban adhésif et un taille-crayon. « Comme ça chacun a ses popres affaires. » Les animateurs alternent toutes les 15 à 20 minutes entre activités manuelles et extérieures. Le planning est millimétré car en passant du centre au jardin, les groupes ne doivent jamais se croiser. Sans oublier le crochet obligatoire par les sanitaires pour se laver les mains, à chaque fois que les enfants quittent une pièce. « Les parents avaient peur qu’on ait peint des croix sur le sol et que leurs enfants n’aient pas le droit d’en bouger de la journée, sourit Marion Steer. Quand ils voient qu’ils se sont bien amusés, ils sont rassurés. » La preuve ? Les petits ne demandent plus quand les vacances vont enfin commencer !

et au centre salomon ?Le centre de loisirs Salomon accueille en ce moment une vingtaine d’élèves du CP au CM2, issus des écoles du centre-ville et des Hauts de Rouen. « C’est le début. On pourra aller jusqu’à une cinquantaine », calcule Amar Ouldja, le directeur. « Pour la plupart, les enfants ne se connaissent pas et ne fréquentent pas le lieu le mercredi ou pendant les vacances. Mais la dynamique de groupe s’est vite installée. » Six animateurs sont là pour les encadrer. Pas de dictée ou de problèmes de maths au programme mais Amar Ouldja y veille, le contenu est très pédagogique, pour compléter les deux jours d’école par semaine. « Atelier philo, découverte de l’environnement avec réalisation d’un herbier, dessins d’observation... Ce n’est pas l’école, mais cela reste très éducatif. » Et chaque jour, une heure est également consacrée aux devoirs.