
À l’audience du tribunal correctionnel de Rouen du 15 juin, le prévenu de 19 ans se balance frénétiquement de droite à gauche dans son box. « Si vous ne vous sentez pas bien, asseyez-vous, je ne voudrais pas que vous fassiez un malaise dans la salle d’audience », anticipe la présidente du tribunal. Le 20 avril, il avait perdu connaissance en garde à vue. Il était là après avoir été interpellé pour recel d’un sac à main à Rouen. Des policiers municipaux voulant contrôler s’il était en possession de son attestation dérogatoire au confinement alors mis en place avaient trouvé incongru que le jeune homme soit en possession d’un sac à main. Il avait tenté d’assurer qu’il appartenait à sa mère. Mais les agents de la Ville avaient trouvé une carte d’identité dans le sac et la personne à qui elle appartenait leur avait confirmé qu’elle venait de se le faire voler alors qu’elle faisait la sieste devant sa série préférée, la porte ouverte. « Je l’ai trouvé dans la rue », tente le prévenu, sans conviction face au tribunal.
Le 12 mai, le jeune homme à nouveau interpellé pour un vol et qui supporte décidément très mal les gardes à vue met le feu au matelas de sa cellule à l’aide de sa chaussette enflammée avec un briquet.
Il s’évade de son ambulanceAlors qu’il est transféré vers une unité psychiatrique, il prend la fuite de l’ambulance. Il est rapidement rattrapé par les policiers qui l’escortent. Il sera relâché un peu plus tard.
Le 10 juin, après toutes ces péripéties, les policiers n’ont aucun mal à reconnaître le visage de l’homme sur une vidéo qu’un témoin leur présente. On le voit sur une trottinette en train d’arracher son collier en or à une femme de 83 ans, qui parvient tout juste à garder son équilibre grâce à son caddie de course. « J’ai trois broches dans la jambe, Madame, je ne peux pas monter sur une trottinette », assure le prévenu en relevant la jambe de son pantalon.
« Il y a un arrière-fond psychiatrique dans ce dossier qui nécessite des soins. Mais on ne peut pas laisser cette pathologie causer des torts aux autres », estime la substitut du procureur en requérant une peine de 10 mois d’emprisonnement avec mandat de dépôt. « Mon client se met sans cesse en danger, son discernement est altéré. Il souffre de trouble très sérieux. Je vous demande de le prendre en considération et de réduire la peine requise par le substitut du procureur à de plus justes proportions », plaide l’avocate de la défense en s’appuyant sur un rapport psychiatrique.
Le tribunal prononce une peine de sept mois de détention, mise immédiatement à exécution.