Mercredi 24 Avril 2024 - Sensations Normandie Seine - Rouen

Mauny, le petit village coincé dans les boucles de la Seine, veut rejoindre la Métropole de Rouen

Après le départ
de 14 communes de la jeune communauté
de Roumois Seine au 1er janvier 2019, Mauny, avec ses 179 habitants, souhaite désormais intégrer la Métropole de Rouen. Explications.

Déjà, le maire Charly Noël, avec son conseil municipal, avait fait cette demande en 2018 lors du « mariage forcé » d’Amfreville-la-Campagne, de Bourgtheroulde-Infreville, de Quillebeuf-sur-Seine et de Roumois Nord pour la création de Roumois Seine. « Nous avons eu un problème avec la loi NOTRe, ça n’a pas pu se faire, explique le maire de la seule commune de Seine-Maritime dans cette intercom euroise. Nous avons réitéré la demande en juin dernier auprès du préfet et de la Métropole. Le préfet a émis son accord. La commune a donc délibéré à ce sujet le 8 octobre dernier. Nous avons fait alors notre demande d’intégration à Rouen Métropole et nous attendons sa réponse qui pourrait venir d’ici la fin de l’année, car nous aimerions un départ au 1er janvier 2021. »

Mais pourquoi ce petit village veut-il quitter Roumois Seine ? Tout simplement parce que « les perspectives d’avenir sont plus alléchantes à Rouen Métropole ». Le maire pointe du doigt l’aspect financier. « J’ai demandé une étude d’impact auprès de la fiscalité. Avec la Métropole, les habitants de la commune payeraient 23 % d’impôts en moins. À Roumois Seine, un lissage est prévu sur quatre ans pour l’augmentation des taxes et nous avons une dette sur une vingtaine d’années à rembourser. »

« La dette, on n’en veut pas »

Avant le mariage, la commune était intégrée à Roumois Nord « et tout se passait très bien. J’avais refusé le mariage de force avec la communauté de communes de Bourgtheroulde qui avait le plus de dettes. Je n’ai rien contre Vincent Martin [le président de Roumois Seine, NDLR], bien au contraire, mais je pense à nos habitants en priorité. Je me sens isolé dans ce nouveau mariage. On veut retourner dans le 76. »

Ainsi, le maire cite un exemple concret. « Nous avons eu des inondations en février et mars dernier. On s’est aperçu que la Métropole de Rouen avait loué des camions de pompage pour vider les caves et les maisons inondées. La commune limitrophe a pu en bénéficier. Nous, on a juste eu nos pelles et nos seaux. »

Lors d’une conférence de presse en octobre, Vincent Martin, fraîchement élu (en juillet 2020), a évoqué ce dossier en soulignant que le bassin de vie de Mauny était le Roumois Seine. « J’ai besoin de temps pour construire quelque chose. Nous sommes une entité de 40 communes. J’ai besoin de stabilité pour voir dans deux ans. »

Une réponse qui ne satisfait pas le maire de Mauny : « Mais pour voir quoi ? Pour payer les dettes. Je sais qu’il ne veut pas qu’on parte. Le problème est la dette, on n’en veut pas. Je ne suis pas d’accord de subir pour les autres. »

D’autant que Mauny, avec ses 179 habitants, son château ancienne propriété de la secte Moon devenue depuis la demeure d’un particulier, ses retraités et ses quelques jeunes, apporte dans la corbeille de la mariée une bien jolie pépite : le captage des Varras, soit 540 m3 d’eau potable par heure avec une unité d’ultrafiltration qui permet d’agir sur la turbidité de l’eau.

En retour, l’intégration à la Métropole de Rouen pourrait participer à la fin d’une bizarrerie bien locale. Les lignes régulières de la TCAR, parce que la commune de Caumont est dans l’Eure et rompt la continuité territoriale de la Métropole, n’arrivent pas jusque dans la boucle de la Seine d’Anneville-Ambourville. Ce serait une occasion de desservir cette zone et ses collégiens et lycéens qui vont pour l’essentiel en Seine-Maritime, même si leurs bus empruntent pour 5 km seulement des chaussées euroises.