Vendredi 26 Avril 2024 - Sensations Normandie

Reconfinement. Après les annonces de Jean Castex, les rayons jouets pris d’assaut à Bernay

Commerce. Alors que le Premier ministre, Jean Castex, a annoncé la fermeture de certains rayons dans les grandes surfaces, les clients ont afflué, hier, à l’Intermarché Hyper de Bernay. On ne se bat plus pour du papier toilette, mais pour des Playmobil...

Dès l’ouverture des portes, la foule se pressait, hier matin, devant l’Intermarché Hyper de Bernay. Après l’annonce du Premier ministre, Jean Castex, dimanche soir, de la fermeture de certains rayons dans les grandes surfaces dès aujourd’hui, les jouets étaient pris d’assaut. « Tout le monde se jette sur les rayons qui ferment et c’est la cohue. Je trouve ça encore plus dangereux, car beaucoup de monde se retrouve au même endroit en même temps. Les gens ont peur de ne pas avoir de cadeaux à mettre sous le sapin », remarque Morgan Lemelle, directeur du magasin.

Parmi ces clients, Aurélie, 34 ans, à la recherche d’un emploi, est venue chercher des jouets en avance, par peur de ne pas pouvoir en trouver plus tard. « On est obligé de se jeter sur les jouets et ce n’était pas prévu du tout dans mon budget de ce mois-ci. Je mettais de côté pour début décembre et là, je vais devoir me serrer la ceinture sur d’autres choses. »

Un peu plus loin, suivant une liste de cadeaux sur son téléphone, Martine, retraitée, parcourt les allées : « Ma fille m’a appelée pour que je vienne chercher des jouets, car elle travaille et les rayons ferment. Moi, je viens toujours les acheter dans les grandes surfaces, donc finalement, je suis lésée ! », regrette-t-elle.

La peur d’Amazon

Une décision qui, du côté du directeur de l’Intermarché, a du mal à passer. « On s’y attendait un peu, mais on a été prévenu au dernier moment. Je comprends qu’il faille limiter la concurrence face aux petits commerces qui ont dû fermer, mais ça aurait été mieux de les rouvrir plutôt que de nous bloquer. Est-ce que ça va arrêter le Covid ? Je ne pense pas. Il faut maintenir l’activité pour satisfaire les clients et ajouter des mesures barrières, sachant que beaucoup ont déjà été mises en place. Et d’un autre côté, les enseignes comme Amazon vont pouvoir tranquillement vendre leurs produits sur Internet. »

Tout ce qui est textile, puériculture, librairie, hifi, informatique, scolaire, vaisselle, jouets, électroménager... n’est plus accessible. « Ça représente plus de 20 % du magasin et une grosse perte de chiffre d’affaires, surtout pour les jouets. On avait recruté et fait faire des heures en plus au personnel la semaine dernière pour mettre en place le rayon jouets et on avait installé le rayon Noël dimanche. C’est beaucoup de travail pour rien ! Et on ne sait pas combien de temps ça va durer, c’est ça qui nous inquiète... », confie Morgan Lemelle.

Pour respecter en temps et en heure ces mesures, l’équipe de la grande surface a commencé à bloquer certains rayons, comme la librairie, dès hier, et s’est tenue sur le pied de guerre, à partir de 5 h, ce matin. Des palettes et du film plastique ont été disposés pour bloquer les allées. Les articles « interdits » ne pourront pas passer en caisse et un circuit sera mis en place pour faciliter la circulation des clients dans les rayons autorisés.

Du côté du Leclerc de Menneval, le centre culturel, la bijouterie et certains rayons du magasin étaient déjà bouclés, hier. Une démarche qui provoque l’incompréhension chez certains, mais qui est soutenue par beaucoup de clients. « Je pense que les magasins vont rouvrir. Ça ne sert à rien de se ruer dans les magasins, c’est de la folie. On n’est pas en temps de guerre non plus ! Moi, j’étais contente de voir que le rayon livres était fermé, en solidarité avec les petites enseignes qui sont extrêmement touchées », affirme Angélique, Bernayenne de 36 ans. « C’est une bonne chose. Tous ces articles on peut s’en passer ! », confirme une autre cliente, Aurélie, coiffeuse de 40 ans.

En attendant, certains rayons commençaient déjà à se vider en fin de matinée, face à cette forte hausse de fréquentation.