Ce mythique cabaret de Paris situé sur la butte Montmartre, au 22 de la rue des Saules, dans le 18e arrondissement, est un joyau du patrimoine culturel.

Le propriétaire du Lapin Agile, Yves Mathieu : à 96 ans, cet amoureux de la chanson française fait toujours l’honneur aux invités de quelques interprétations (photo, Candice Ragueneau).

Établi dans la seconde moitié du 19e siècle, racheté par Aristide Bruant en 1913, il est l'un des lieux de rencontre privilégiés de la bohème artistique du début du 20e siècle. Pablo Picasso est venu ici, et avait même payé son couvert en laissant une toile, dont la reproduction est toujours en place. Et parmi les clients de passage, Pierre Brasseur, Georges Simenon, ainsi que des célébrités américaines comme Charlie Chaplin.

Le lieu a gardé son identité : la pièce est petite, quelques tables sont rassemblées, et chaque soir, autour d’un verre de guignolet, les chansons s’enchainent au son du piano, et sans sonorisation. Pas besoin ici, on a de la gouaille ! « Chante, oui chante », « les champs Elysées », « J’suis snob », « le tourbillon », « la parisienne », « sous le ciel de Paris », « Alouette », « Amstrong », « Sans amour on n’est rien du tout », « le Cinéma », « j’men fous pas mal », « Emmenez-moi »… les monuments de la chanson française se succèdent, tantôt à plusieurs, tantôt en solo, dans une ambiance qui vous emmène… et pendant 4 heures, de 21 heures à une heure du matin, ou l’on ne voit pas les minutes passer.

Un cabaret familial

Le Lapin Agile est intemporel. Quand vous franchissez la porte, le Paris du 19e siècle vous rattrape. L’histoire du lieu y est pour beaucoup, mais aussi la volonté de ses propriétaires d’honorer ce patrimoine. En 1922, Aristide Bruant avait revendu le cabaret à « Paulo », le fils de Frédéric Gérard à qui il avait enseigné le chant. En 1972, Paulo Gérard avait alors cédé la gestion du cabaret à son beau-fils Yves Mathieu : aujourd’hui âgé de 96 ans, cet amoureux de la chanson française fait toujours l’honneur aux invités de quelques interprétations, comme « le temps des cerises ». Parce qu’au Lapin Agile, on ne fait pas que rire : la nostalgie, la mélancolie, l’amour font partie de la fête. Mais n’est-ce pas ici, toute la richesse de la chanson française ?

Reportage réalisé par Boris Blais.